Festival de vues grandioses en Utah
Sortant du désert chaud du Nevada le paysage change très rapidement, nous faisons quelques kilomètres en Arizona et passons la limite de l’état de l’Utah.
Nous avons devant nous un chevauchement lié au déplacement des plaques tectoniques qui ont fait sortir de terre un escalier monumental menant, de haut en bas, de l’amphithéâtre rosé de Bryce (le plus récent) jusqu’au Grand Canyon (le plus ancien), et à tous les autres canyons qui se sont dessinés tout autour. Chacune de ses marches est constituée d’une roche différente (calcaire, grès, schiste, etc.), de couleur différente donc, et avec des propriétés différentes. Ainsi, de haut en bas, nous avons les pink cliffs, grey cliffs, white cliffs, vermillion cliffs et enfin les chocolate cliffs. Toutes ne sont pas résistantes au temps de la même façon et s’érodent donc différemment. Chaque strate et chaque canyon offre donc des vues uniques, des phénomènes géologiques particuliers. Autant dire que nous avons fait de fameux progrès en anglais sur le thème de la géologie !
Les Américains ont par chance voulu depuis longtemps conserver ces espaces et écosystèmes particuliers en les protégeant d’une urbanisation éventuelle : parcs nationaux, réserves nationales, etc. pullulent donc à cet endroit. Nous en avons visité un nouveau tous les jours !
Le tout est particulièrement bien organisé, les routes sont larges, avec des dénivelés rassurants, les parkings prévoient toujours des places spéciales pour les RV, les plus belles vues sont bien indiquées, les cartes sont bien faites, les randonnées bien classées en fonction de leurs temps et difficultés, les rangers du Visitor Center toujours accueillants, à l’intérieur les expositions sont claires, et le tout est presque gratuit (80$ la carte annuelle pour une famille), ceci pour que le plus grand nombre puisse en profiter ! Forcément en juillet et août nous n’étions pas les seuls à faire la file à l’entrée, mais nous avons tout de même presque pu tout voir sans encombre. Le public majoritairement américain s’est montré discipliné et patient. Les gens restent de bonne humeur et ont bien intégré toutes les règles de préservation, tous restent par exemple sur les sentiers.
Nous commençons par Zion. Arrivant à ses abords dans la soirée nous nous arrêtons dans le village devant l’entrée et prévoyons de visiter le parc le lendemain. Pour tuer le temps nous allons voir une sorte de petit musée attenant à une boutique-hôtel qui présente les animaux empaillés de la région et un peu d’artisanat indien.
Comme nous ne pouvons pas dormir sur leur parking nous roulons une bonne demi-heure avant de nous trouver un spot de rêve pour la nuit.
Nicolas prépare à diner et lorsqu’il dit « A table ! »… il y en a une qui n’arrive jamais : notre dernière ! Avec effroi, on se rend compte seulement à ce moment là qu’on l’a oubliée au dernier stop !!! Tout le monde ne descend pas toujours pour tout voir, et là, nous n’avions pas réalisé qu’elle faisait partie des descendus ! Bref, on range le diner, Nicolas attrape son volant et on enfile la route dans l’autre sens à la vitesse maximale. En attendant, impossible de joindre l’endroit où elle se trouve par téléphone. J’appelle donc la police du coin en leur priant d’aller rassurer l’enfant qui ne parle que français et qui doit être paniqué, et de se débrouiller pour lui dire que ses parents arrivent dans les vingt minutes. En fait de panique, c’est surtout nous qui l’étions, nous avons retrouvé notre fille dans un canapé à nous attendre sagement, elle n’avait même pas versé une larme. Une famille de français était passée par là entre temps, avait fait la traduction nécessaire du message de la police qui était bien arrivé. Pfiou… une fois mais pas deux.
Le lendemain, nous attaquons donc Zion. La route du fond du canyon est interdite aux véhicules privés, il faut prendre une navette.
C’est joli mais le clou du spectacle est surtout quand on prend de la hauteur, soit en faisant d’interminables randonnées particulièrement vertigineuses, soit en gravissant la paroi par la route pour se trouver au sommet, option que nous avons choisie.
Le tunnel du sommet n’a pas été creusé suffisamment pour notre véhicule, nous avons donc payé un permis spécial de 15$ avec lequel un ranger bloque le tunnel pour nous, de façon que nous puissions rouler au milieu des deux voies ! Organisés je vous dis… Arrivés en haut c’est le seul endroit où c’était vraiment la foire… des voitures partout, impossible de s’arrêter même avec un petit véhicule. Le parking était minuscule. Et c’est pourtant de là que l’on voit LA vue si connue de ce canyon assez large et très vert dans le fond. Nous avons dû passer sans nous arrêter…
Seul ratage donc parmi toutes ces merveilles de la nature. Cela dit… toute la descente de l’autre côté était magnifique !
Le lendemain, après plusieurs hésitations de timing, nous décidons tout de même de faire un détour de 300km aller-retour pour nous rendre juste derrière la frontière avec l’Arizona et voir le Lac Powell. Un des seuls canyons complètement rempli d’eau, à cause du barrage qui a été posé à sa sortie.
Tout proche se trouve également une des vues les plus connues de l’ouest américain, celle sur Horseshoe bend, un endroit où la Colorado River fait un demi-tour sur elle-même en forme de fer à cheval. Il n’y a qu’une minuscule barrière où on l’observe bien en face, mais tout le reste n’est pas sécurisé et les gens se photographient avec les jambes dans le vide. La vue se mérite lorsque l’on promène quatre loustics à l’âge de la provocation !
De retour à la sortie de Zion en fin de soirée, nous essuyons un « flash flood », comme nous en connaissons maintenant tous les soirs depuis Vegas. Il semblerait que ce soit une particularité de l’été, tous les soirs se sont de sacrés orages qui s’abattent sur la région, rafraichissant heureusement l’atmosphère, mais provoquant régulièrement des inondations. A tel point que nous recevons des messages pour nous prévenir sur nos portables et que nous sommes priés de ne pas nous déplacer sauf pour s’enfuir ou si la police nous l’ordonne !
Le lendemain c’est l’anniversaire tant attendu de notre dernière qui mérite largement ses 11 ans ! Elle décomptait déjà les jours depuis un sacré bout de temps.
Toute cadeautée nous commençons « sa journée » par la visite d’un slot canyon. Ces canyons très resserrés qui offrent une si belle lumière lorsqu’on se promène dedans, le plus connu, et le plus cher, étant Antilope Canyon. En été il faut participer à un tirage au sort pour pouvoir aller le voir… mais en réalité, il y a des dizaines de slot canyons, rien n’oblige à aller voir la pop star alors que les autres offrent des impressions tout à fait similaires.
Nous poursuivons sur une route splendide qui traverse le Red Canyon vers le parc national suivant.
C’est l’amphithéâtre de Bryce qui se trouve donc tout en haut de notre escalier - il se nomme officiellement Bryce Canyon, mais n’a rien d’un canyon en fait… il s’agit en réalité des pink cliffs. Très impressionnant. Nous descendons une bonne partie à pied afin de profiter de toutes les vues possibles sur cette merveille. Puis nous longeons la falaise supérieure en voiture et y voyons notre première arche !
Nous traversons ensuite toute la zone du Grand Staircase Escalante avec les différentes marches. Une en particulier à été classée parc national parce qu’elle est très longue, il s’agit en fait de Capitol Reef, une falaise qui s’étale sur tout un champ de vision. A ses pieds, des mormons s’étaient installés isolés du monde et avaient crée une sorte d’oasis avec un verger. Avant eux les Indiens habitaient sans doute la zone, ou du moins y étaient passés laissant derrière eux des pétroglyphes. Nous y faisons une randonnée qui mène de nouveau à une très belle arche.
De l’autre coté de cet escalier se trouvent les canyons. A Canyonlands National Park ils se comptent par dizaines. La particularité de ce parc est que la vue est extrêmement dégagée. On est sur une sorte de plateforme (une mesa - table en espagnol), à partir de laquelle on voit à 360°. La vue est impossible à rendre en photo entièrement...
Tout à côté se trouve Arches National Park. Dans celui-là on remonte de quelques marches pour se trouver dans une couche de roche qui s’effrite d’une façon très particulière… les parois se creusent de l’intérieur, et finissent par se vider complètement, créant des arches avant de s’effondrer, en laissant des colonnes qui tiennent parfois leur tête en équilibre spectaculaire. Ce sont ainsi 2000 arches qui ont été comptées dans ce parc, de loin l’endroit où on en trouve le plus au monde.
De là nous piquons vers le sud, de nouveau à la frontière avec l’Arizona pour aller voir Monument Valley, immortalisée dans tant de films. En route nous faisons un stop à l’endroit exact où Forrest Gump s’arrête de courir ! Le lieu précis est bien indiqué partout, sur nos cartes et sur la route !
Monument Valley est sur une réserve Navajo, il ne s’agit donc pas d’un parc national. Nous avons tout de suite vu la différence : 8$ par personne à la guérite d’entrée, sans réduction pour les enfants. Nous n’avons pas le droit de prendre notre véhicule sur les pistes de la vallée non emménagées. Nous devons donc prendre un promène touriste pour nous y transporter, conduit par un Navajo, et pour 60$ par personne, moitié prix pour les enfants. Cela reste hors de prix. D’autant plus que les tarifs augmentent à vue de mois ! Arguant que l’inflation a augmenté de 9% aux USA ces derniers mois, les prix ont donc pris 15%, logique. Nous négocions un trajet moins long et une ristourne, regrettant déjà nos parcs nationaux si bien gérés. Pour finir, il faut tout de même reconnaitre que la vue est incroyable.
Nous continuons notre route vers le centre des USA et passons très brièvement la frontière du Colorado pour aller voir le dernier National Park de Mesa Verde. Il s’agit plutôt d’une visite historique, bien que le site soit également très impressionnant. Ce sont les Indiens Pueblos qui se sont installés là entre 600 et 1300, soit l’équivalent de notre moyen-âge, et avec une population équivalente à celle de Paris à la même époque ! Ils ont réussi à bâtir leurs logements en briques dans les anfractuosités de la roche des parois de canyons ! Nous avons eu beaucoup de mal à nous imaginer comment ils arrivaient à vivre là.
De là nous nous dirigeons vers le bas et l’état suivant, le Nouveau Mexique que nous avions parcouru dans l’autre sens et plus au sud à l’allée, et que nous avions tant apprécié ! Nous commençons donc à fermer la boucle intérieure en prenant la direction de notre destination finale, Los Angeles.