Arizona du sud, cactus land !
Arrivés à Phoenix, capitale de l’Arizona, nous trouvons une ville très étendue au milieu du désert. Notre première halte sera pour le musée des Native Americans, entendez les Indiens qui sont encore relativement nombreux en Arizona, surtout dans le nord de l’état, et qui habitent désormais dans des réserves qui leurs permettent de conserver le peu de terres qu’il leur reste.
Nous apprenons donc à différencier les Apaches (ceux qui avaient les franges sur leurs habits et les plumes dans les cheveux), des Hopis (dont les femmes se coiffent avec de larges macarons), des Comanches, Pueblos, etc… On assiste via des documentaires aux cérémonies rituelles, comme celle où les filles atteignent l’âge de la puberté, et qui semblent avoir encore lieu aujourd’hui. On peut aussi voir des exemples d’artisanat spécifiques à chaque groupe, les motifs étant même spécifiques à chaque famille. Une partie est consacrée aux œuvres indiennes contemporaines également. Mais ce qui a le plus intéressé les enfants, c’était la partie sur l’acculturation des Indiens à l’époque où les enfants étaient systématiquement enlevés à leurs familles pour rallier des internats dans lesquels tout était organisé pour qu’ils y perdent leur identité culturelle. Changement de nom, de date de naissance, d’accoutrement, de religion, de langue, séparation des fratries, impossibilité de retourner chez soi.
Nous aurons eu droit à une phrase mémorable de notre dernière… « Et ben en Belgique on n’aurait pas eu ce problème… il n’y a pas de culture… à part les frites ! ». Son père, horrifié, a dû tout reprendre à zéro…
En sortant de là nous éprouvons le besoin d’aller nous défouler et partons pour notre première randonnée dans le canyon voisin qui offre aussi une belle vue sur la ville. On ne peut s’empêcher de photographier les cactus qui poussent partout, et qui sont tous très différents les uns des autres !
Dernière halte – incontournable en ce qui nous concerne – dans cette ville à Taliesin, dans les quartiers d’hiver de Franck Lloyd Wright, LE grand architecte américain, particulièrement reconnu pour sa maison sur la cascade qui se trouve en Pennsylvanie. Il fuyait sa région aux hivers très rudes pour continuer à créer, avec ses apprentis, sous le climat beaucoup plus clément de l’hiver Arizonien.
La visite s’avère hors de prix (49$ par personne), obligatoirement guidée (dans un américain à 200 à l’heure, les enfants ont déclaré forfait - avant que l’on paie je rassure tout le monde), mais passionnante.
Taliesin, déjà, est un mot Gallois qui signifie « sourcil brillant », car l’architecte considérait que les maisons qu’il bâtissait devait se poser sur le paysage comme un sourcil sur l’œil, le visage. Il fallait qu’elles occupent une proportion qui laisse suffisamment de hauteur au-dessus d’elles pour ne pas interrompre la profondeur du champ. Plus concrètement, il inventait déjà la règle des 1/3, 2/3 que l’on utilise encore en photographie, les toits devant arriver au maximum au 2/3 du cadre dans lequel ils s’inscrivaient.
Par ailleurs, il accordait beaucoup d’importance à l’effet, étriqué/agrandi… lorsque l’on rentrait dans une pièce, il fallait toujours qu’il y ait un petit espace, si possible dans lequel il fallait même se baisser pour arriver ensuite dans un grand espace, ceci reproduisant la sensation d’arriver dans une clairière après avoir passé des bosquets plus touffus et augmentait, selon lui, l’effet d’espace.
Il est également à l’origine de « l’architecture organique » dans laquelle les éléments de la nature environnante sont utilisés pour créer les bâtiments, les formes et les couleurs qui apparaissent à cet endroit sont également réutilisés dans le bâtiment de façon qu’on ait l’impression de maisons poussant littéralement du décor et se fondant dans celui-ci.
Les vues avaient également une importance considérable et il tentait de les imaginer comme des tableaux qui apparaissent et disparaissent au fur et à mesure que l’on se promène dans et autour des bâtiments. Il était si tatillon sur ce point qu’il rachetait tous les terrains environnants, et ce jusque très loin, pour être sûr qu’aucune verrue ne viendrait lui gâcher le paysage.
Cela va sans dire, tout était orienté pour accueillir la lumière du soleil du matin dans les bureaux où il travaillait, celle de l’après-midi dans les communs qui servaient à l’apprentissage de ses élèves, et celle du soir dans ses quartiers privés, la lumière le suivant donc en fonction de ses activités de la journée.
Ce n’est pas terminé, les mots clés concernant cet architecte sont donc : espace, vues, matériaux et le dernier, le plus surprenant : démocratie. En effet, il pensait que la meilleure pédagogie était la pédagogie par le projet et s’entourait en permanence d’apprentis qui essayaient sans cesse différentes choses sur ses chantiers. Ceux-ci devaient ensuite participer aux travaux s’y rapportant. Il créait donc une véritable communauté autour de lui, qui n’a cessé de grandir petit à petit, à tel point qu’à la fin il y avait mêmes des artistes de tous ordres : chorégraphes, musiciens, peintres, couturiers, etc. qui se stimulaient mutuellement les uns les autres. Actuellement, la maison est d’ailleurs toujours habitée par un de ses apprentis et des enfants d’apprentis qui n’ont toujours connu que cet endroit.
Tout ceci peut nous sembler familier et ne pas tant nous surprendre… mais lorsque l’on découvre que Taliesin a été bâtie en 1938 par cet architecte né en 1867 on relit l’ensemble et la vision nous parait tout à coup incroyablement avant-gardiste !
Nous poursuivons notre route dans le sud de l’Arizona vers Tucson, et plus précisément le Saguaro National Parc au milieu duquel on trouve un musée du désert. Le parc d’abord est tout à fait impressionnant avec des milliards de cactus qui recouvrent le sol du fond des vallées jusqu’au sommet des collines…
Le musée ensuite est tout aussi incroyable. Nous avons appris à différencier toutes sortes de cactus, le plus connu étant le Saguaro justement, celui qui a les bras qui se lèvent vers le ciel, mais il y a aussi des cactus orgue, poire, baril, doré, totem… et même « vieux monsieur » pour le plus chevelu d’entre eux ! De même nous avons vu des centaines d’espèces d’agave, et bien sûr tous les animaux du désert, Bip-bip et Coyote compris !
Après un bref détour dans le sud de la ville pour aller voir une des missions franciscaines bâtie pour évangéliser les Indiens...
... nous poursuivons la route vers l’est et trouvons un bivouac absolument dingue. Les autres lieux où nous avons dormi jusque-là n’avait rien de très glamour, soit les parkings des Walmart, soit les stations essence des camionneurs qui ont un large espace à l’arrière pour qu’ils puissent y passer la nuit, soit des bords de routes inintéressants.
Mais cette fois nous avons passé la nuit à l’endroit où 30.000 grues du Canada viennent passer l’hiver, au milieu d’une immense zone avec plusieurs lacs… féérique ! Moins féérique en revanche, les -5°C au milieu de la nuit… nous avons vérifié la légende suivant laquelle les nuits désertiques étaient glacées.
Le lendemain nous sommes partis à l’assaut du Chiricahua National Monument. L’assaut est un mot bien choisi, car il existe une route permettant d’arriver au point de vue, mais qui nous était interdite vu la longueur de notre véhicule. Nous n’avons pas eu d’autre choix que de partir à pied… deux heures et demi plus tard, nous avions un incroyable panorama sur les pinacles qui occupaient l’ensemble du paysage.
Rappelons que nous trainons une bande d’adolescents hostiles pour qui il était absolument inenvisageable de fournir un effort similaire pour le retour… nous avons donc amadoué un gentil couple d’américains qui a consenti – malgré les risques du COVID – à nous redescendre en pick-up jusqu’en bas.
Avant de filer vers l’est nous avons encore passé quelques temps à faire le tour de la ville de Willcox toute proche. Une toute petite ville inconnue et restée dans son jus qui a pourtant son charme.
On y cultive la noix de pécan, et, suite aux controverses écologiques quand au fait de cultiver des pacaniers en plein désert alors que cet arbre nécessite beaucoup d’eau, de plus en plus de pistachiers également.
A ce stade nous avons bien pris le rythme concernant la classe, notre dernière est d’ailleurs passée en 6ème et notre ainé continue à suivre ses cours en ligne avec son professeur qui a dorénavant déménagé de la Calédonie à Osaka.
A ce stade toujours… nous sommes toujours amusés par les supermarchés qui continuent de donner à voir quelques particularités…
Après une dernière nuit bord de route nous avons traversé aujourd’hui la frontière du Nouveau Mexique !