On a marché sur la lune… dans l’Idaho
En sortant du Wyoming nous avions le choix entre deux routes pour rejoindre Seattle : celle du nord, très montagneuse dans le Montana, sans doute splendide mais dans laquelle nous avions peur de perdre trop de temps vu notre allure dans les côtes, et l’intérêt principal Glacier National Park est interdit aux RV ; et celle du sud qui traverse tout l’Idaho, notre option. Nous sommes visiblement les seuls à faire cela car nous n’avons croisé PERSONNE sur une route toute droite sur une portion d’au moins 200km ! Rien, pas de cultures, pas de villages, pas de maisons, rien de rien.
C’est sans doute pour cela que c’est dans cette région qu’ont été installés la plus grande concentration de réacteurs nucléaires au monde : 52 ! On peut d’ailleurs s’approcher du premier surgénérateur américain qui a fonctionné des années 50 à 65.
Non loin se trouve fatalement la première ville éclairée à l’énergie nucléaire. Mais, tant sur le site, que dans cette ville, nous n’avons pas vu âme qui vive. Pas une voiture qui roule… nous avons eu une sensation très bizarre dans toute cette zone… le ghost town n’est pas loin !
C’est également au centre de l’Idaho qu’une éruption volcanique a eu lieu il y a 2000 ans, mais celle-ci a de particulier que cela a flambé au niveau du sol, et non à partir d’un cône comme cela se passe habituellement. La cendre recrachée s’est accumulée sous forme de grandes buttes. Le paysage se trouve encore aujourd’hui marqué par cet évènement et lui donne un aspect lunaire lui valant son nom : « Craters of the Moon ». Colomban nous a détaillé cela avec sa phrase poétique du jour : « On dirait que la Terre a fait caca ! ». Les astronautes de la Nasa sont même venus là avec leurs engins pour s’entrainer à l’alunissage !
Nous avons appris a distinguer les quatre différentes formes de laves pétrifiées, et surtout nous avons parcouru notre premier lavatube ! Lorsque la coulée de lave est particulièrement grande, le contour de la coulée refroidit et se durcit au contact de l’air mais l’intérieur garde sa température et continue de se vider de sa lave liquide a tel point que cela crée un tube vide. Avec le temps une partie du plafond finit par tomber, nous rendant visible l’intérieur des tubes, et à ce moment on peut les parcourir de l’intérieur ! On voit bien les gouttes de lave au plafond transformées en pierre.
De là nous avons rejoint le canyon formé par la Snake, cette rivière qui débute à Yellowstone et parcours 1700km dans tout le nord-ouest américain avant de se jeter dans la Colombia puis dans l’océan Pacifique. A son point le plus au sud elle forme une chute Shoshone Falls surnommée les Niagara de l’ouest. Mais malheureusement, un barrage a été construit diminuant de moitié la largeur de ladite chute, ce qui les rend maintenant beaucoup moins spectaculaires.
Nous filons ensuite à Boise, la capitale de l’état, dans l’idée d’arriver à temps pour le feu d’artifice en ce jour de fête nationale américaine. Cela faisait quelques semaines que l’on voyait apparaitre les rayons spécialisés dans les supermarchés que les Américains adorent ! Avec leur sens de la fête nous avons eu un très beau feu d’artifice tout en musique et le parc était noir de monde pour assister à cela ! C’est là que nous avons été rassurés sur les capacités de peuplement de l’Idaho !
Notre dernière visite dans cet état s’est avérée passionnante. Il s’agit du premier centre mondial crée pour la sauvegarde des oiseaux de proie, entendez les rapaces. Il a été créé initialement sur l’initiative (et les fonds) privée d’un seul homme dans le but de sauver les faucons pèlerins qui étaient en danger d’extinction. Les chercheurs ont découvert que cette espèce avait des difficultés de reproduction étant donné que la coquille de leurs œufs était devenue trop fine. Ils ont miraculeusement réussi à lier cela au fait que les faucons mangeaient des animaux qui eux-mêmes s’intoxiquaient d’une substance présente dans les insecticides aspergés dans les champs. Un lobbying a donc eu lieu de sorte que cette substance soit interdite, et depuis lors les œufs ont retrouvé une épaisseur de coquille suffisante à la reproduction. Quelques années plus tard cette mission s’est avérée réussie étant donné que l’espèce a été retirée de cette liste. Et les centres ont pullulé de par le monde autour d’innombrables autres projets. En ce moment, celui-ci s’occupe à sauver les condors. Dans les années 80 il ne restaient que 22 condors aux USA, à ce moment le centre a pris la décision de tous les capturer de façon à sauvegarder l’espèce. Dans les deux cas, le problème est que les rapaces sont relativement au sommet de la chaine alimentaire, et que s’ils ne font pas leur travail de tuer les rongeurs ceux-ci font trop de dégâts au niveau de la végétation et c’est tout le système d’irrigation qui se trouve perturbé. Cette fois, ils ont trouvé que les condors ingèrent les plombs utilisés par les chasseurs en mangeant d’autres animaux qui ont été affaiblis, voire tués par la main de l’homme. Or ils s’intoxiquent avec cette matière. Ils ont donc fait une campagne d’information auprès des chasseurs de la région pour qu’ils utilisent dorénavant des balles en cuivre plutôt qu’en plomb. Ils expliquent également que lorsque l’on utilise de la mort-aux-rats ou n’importe quel autre poison pour tuer les rongeurs, ceux-ci finissent par être ingérés par des rapaces qui en meurent et tentent donc de sensibiliser à l’utilisation de tapettes à la place. Leur travail est donc très complet, observation, recherche, éducation, lobbying politique en vue de conserver les habitats (et de façon corollaire celui de nombre d’autres animaux), poser des interdictions, subventionner des centres de réadaptation etc. Une belle victoire encore : on compte dorénavant plus de 500 condors aux USA et plus de la moitié vit à l’état sauvage. En ces périodes d’informations toujours dramatiques quant à la disparition de la biodiversité nous avons été très heureux de trouver d’aussi bonnes nouvelles !
Sortant de l’Idaho nous prenons ensuite la direction de l’Oregon que nous allons remonter à l'est dans le but de rejoindre Seattle à la pointe nord-ouest des USA.