Province du Québec : Saint-Laurent, tire sur la neige et Cirque du Soleil!
Surprise surprise, nous voilà au Canada ! Trainer nos roues dans ce pays n’était absolument pas prévu au milieu de notre tour des USA mais nous étions si près de Montréal depuis Burlington dans le Vermont que nous n’avons pas pu résister… d’autant plus qu’après renseignements pris, les formalités administratives nous sont apparues comme étant très simples pour passer la frontière : exemption de visa en ligne en quelques heures, formulaire ArrivCan qui sécurise les douaniers au niveau du Covid, pas besoin de coton tige dans le nez pour passer, papiers du véhicule, assurance, permis en ordre… rien de plus. Pas de fouille du camion, on ne descend même pas du véhicule. En quatre minutes nous étions de l’autre côté ! Et voilà donc le 40ème pays dans lequel nous rentrons en famille !
Et quitte à y être… autant en profiter. Nous commençons donc par traverser la grande plaine agricole qui nous permet d’atteindre la ville de Québec. Que c’est agréable de renouer avec des kilomètres par heure, le français, du bon pain, du bon fromage, du bon vin dans cette région qui vit de l’agritourisme et permet d’aller chercher ses produits directement dans les fermes… et le tout bien moins « dispendieux » qu’aux USA !
Sur la route nous en profitons également pour faire une bonne remise à niveau (eau, dump, propane) et des montagnes de lessives…
Arrivés dans la ville de Québec nous commençons par visiter le Musée des Beaux-Arts qui présente surtout des peintres canadiens ainsi que de l’art inuit - enfin de l'art surtout axé autour du pays concerné! Et c'est le premier musée que nous visitons avec des installations prévues pour les personnes malvoyantes, des tableaux sont reproduits en relief avec moyen de distinguer les différents plans...
Par chance nous avons la possibilité de rester sur leur parking pendant la nuit… et nous sommes tous seuls… vue dégagée sur le Saint-Laurent rien que pour nos yeux.
Le lendemain nous avons fait le tour de la vieille ville pleine de charme et avons bien sûr gouté au Poutine : ces frites avec du cheddar et de la sauce brune… ni bon ni mauvais, le plat ne nous a pas laissé un souvenir impérissable. Nous avons enchainé avec une queue de castor qui a eu nettement plus de succès !
Même si c’est très stéréotypé, impossible de résister à prendre quelques panneaux en photo...
A vrai dire nous sommes plutôt contents de cette petite pause francophone, d’autant plus que les premiers canadiens rencontrés nous paraissent vraiment sympathiques, très liants et arrangeants, voire drôles. A chaque fois que l’on demande quelque chose on nous répond un grand oui avec le sourire… les gens se rendent service, nous laissent passer sur la route… quel changement !
Autre surprise pour nous, au musée de la Civilisation du Québec, outre les collections permanentes (avec une très belle salle et film sur les peuples autochtones) nous tombons sur une exposition temporaire sur… le caca ! Lorsqu’on vous dit qu’ils sont amusants…
Sortant de la ville de Québec pour prendre la direction de Montréal nous apprenons que nous avons passé la saison de récolte de l’eau d’érable, mais que nous pouvons tout de même nous arrêter dans n’importe quelle cabane à sucre pour tout apprendre sur le fameux sirop. L’arbre suinte naturellement au printemps ce qui a donné l’idée aux amérindiens de récolter la sève à ce moment, tout simplement en perçant le tronc d’une petite languette qui laisse les gouttes tomber dans un récipient jadis fait à partir d’écorce de bouleau. Les canadiens ont eux longtemps utilisé un petit tube en métal qui laisse les gouttes de sève d’érable couler dans un seau. La méthode plus moderne consiste maintenant à raccorder plusieurs arbres avec des sortes de tubes de façon à rendre la récolte plus efficace. Puis cette eau est chauffée à différentes températures et plus ou moins longuement pour parvenir à des consistances différentes, du sirop à la mélasse en passant par le caramel ou le beurre d’érable. Ce qui nous a impressionné, c’est que l’arbre ne commence à donner de l’eau d’érable qu’à 40 ans, pas avant ! Et encore, à cet âge là on ne peut récolter que 5L d’eau d’érable… et il en faut 40L pour obtenir 1L de sirop ! Nous avons également appris que la meilleure eau est la première de la saison, elle permet de faire le sirop d’érable ambré que l’on connait. Plus la saison avance, et plus l’eau qui sort est brune, amère, le sirop devenant noir et n’est alors utilisé que pour être incorporé dans d’autres aliments. Autrefois c’étaient les hommes et les enfants qui partaient récolter l’eau dans les seaux et les femmes préparaient pendant ce temps un repas qui tenait bien au corps pour les accueillir au retour. Nous avons gouté à ce repas typique arrosé de Caribou : huit parts de porto, 1 part de whisky et un soupçon de sirop d’érable pour cet apéritif qui permet de bien faire passer le tout ! Et le repas se termine par une sorte de caramel d’érable qui se durcit un peu sur de la neige avant d’être entouré autour d’un tire-langue… le fameux tire sur la neige !
Avant d’atteindre Montréal nous avons aussi traversé ce qui reste du territoire Abénakis, maintenant devenu une réserve principalement agencée autour de deux villages. Ces 3000 derniers courageux parmi les premières nations - un des groupes les plus éteints actuellement - lutte pour maintenir, voire faire revivre sa culture. Notamment au travers d’un petit musée très bien fait, mais aussi en faisant tout un travail autour de la sauvegarde de leur langue. Ainsi de cinq locuteurs Abénakis qui ne connaissaient que quelques mots, ils sont maintenant passés à deux qui parlent la langue et sept qui connaissent quelques mots… et leur population est en légère augmentation, comme c’est le cas pour toutes les communautés amérindiennes du territoire canadien. Dans ce musée nous avons écouté toute l’histoire, racontée habituellement au coin du feu, de la création du monde selon la cosmogonie de ces communautés.
Arrivés à Montréal nous avons de nouveau trouvé un endroit bien sympathique sur le bord du Saint-Laurent pour passer nos nuits.
En journée nous sommes partis à la découverte du vieux port et du reste de la ville, notamment du musée des beaux-arts - avec une partie internationale et une partie québécoise – de la plus ancienne chapelle de la ville, du marché Atwater au bâtiment Art Déco, des canaux, de la place des arts et du Mall du palais des congrès.
Avant de quitter Montréal nous voulions encore tester le Cirque du Soleil à la maison ! En version chapiteau monté pour l’été sur le vieux port, et non en grande salle de spectacle à Las Vegas où ailleurs… soit comme il a dû être présenté à ses débuts. Même si l’on sent bien que c’est maintenant devenu un tiroir-caisse ambulant, on a malgré tout retrouvé une forme d’intimité et le spectacle était pas mal du tout… les transitions bien soignées, un mélange entre poésie et performance, de bons acteurs, des costumes et décors surprenants… à vrai dire nous avons passé un très bon moment au milieu d’une salle comble de canadiens qui se sont avérés être un excellent public !
Prochaine étape la capitale et la Province de l’Ontario...