Balade autour du Lac Michigan : Dunes intouchables, Chicago la photogénique et Harley Oh Yeah !
Quittant Amy la femme de Grant nous commençons à longer le lac Michigan par la droite pour descendre jusqu’en Indiana et aller voir le Indiana Sand Dunes National Park… et quelle déception. Il s’agit d’une plage ultra fréquentée avec musique à fond et blondinettes en maillots rouges qui nous sifflent dès qu’on met un pied sur la dune en question. Et même au mois de juin, le lac Michigan est encore bien frais ! Le pique-nique n'a pas réussi à sauver l'affaire (oui il s'agit bien de fromage)...
Nous ne nous éternisons pas et rejoignons rapidement l’Illinois et Chicago la capitale du nord. Le quartier universitaire est toujours aussi agréable comme partout aux USA, très vert, bâtiments intéressants, y compris une maison de Frank Lloyd Wright : on est maintenant dans son fief et les maisons de l’architecte pullulent dans les environs.
Puis nous passons une journée entière dans le musée des sciences et de l’industrie le plus grand du pays, avec en prime une exposition de sculptures en Lego qui tourne dans le monde depuis plus de cinq ans et que nous avions ratée à Bruxelles ! De ce musée nous retiendrons : la bobine Tesla qui crée des éclairs sur commande, la tornade artificielle, tous les petits gadgets technologiques tels que la prothèse à double mains pour faire mentir les mères qui affirment qu’elles n’ont pas quatre mains, la casquette qui réveille les chauffeurs de poids-lourds qui s’endorment, les lunettes qui aident les malvoyants à reconnaitre les visages et les objets usuels, les oreillettes qui traduisent les langues instantanément. La partie alimentaire, très intéressante aussi, nous explique tout le cycle du lait y compris comment les bouses sont recyclées en électricité pour l’indépendance énergétique des fermes, et la transformation du soja, sorte de haricot qui pousse en gousse dont les USA sont parmi les premiers producteurs, et que l’on retrouve dans un nombre inimaginable d’aliments ! Les enfants auront surtout adoré le labyrinthe tout en miroirs…
Nous nous sommes ensuite enfoncés dans le downtown où nous avons trouvé le bivouac le plus pourri de notre voyage : il faut imaginer la canicule de 37°C bien humide, 31 dollars les 24h, et le métro grinçant qui passe toute la nuit dans notre dos comme s’il nous roulait directement dessus.
Mais cette ville si sympathique d’art et d’architecture nous a aidé à garder notre bonne humeur… A commencer par toutes les sculptures monumentales de grands artistes que l’on trouve partout dans la ville, Miro, Picasso, Dubuffet, Calder, Eliasson,Kapoor dans le Millenium Park. Juste à côté se trouve aussi la scène ouverte en pleine air de Gehry, et par hasard nous sommes tombés sur la répétition générale de l’orchestre symphonique qui consolidait une pièce contemporaine pour le soir même, un régal ! Sans compter le reste de la balade dans la ville avec le Skydeck en cerise (au 103ème étage) sur le gâteau.
Etant dans la ville de la naissance du blues nous avons testé un club de légende après avoir gouté à la spécialité de la ville : une deep fried pizza, comme son nom l’indique, plus profonde que les nôtres et avec une pâte frite.
Un dernier jour pour l’Art Institute de Chicago qui a une collection assez exceptionnelle, une salle entière de Monet(s), une autre, encore plus rare de Gauguin(s), les impressionnistes en masse comme toujours chez les Américains qui les adorent. La section d’art nationale est toujours un peu en deçà mais cette fois-ci elle valait le détour.
Comme à Houston et Washington nous avons ensuite fait notre petit tour de pèlerinage à l’hôpital où est née la sœur de Johanna, à son école et à l’appartement avec vue sur le lac dans lequel elle habitait de 5 à 7 ans.
Avant de quitter Chicago nous avons encore testé le giga hotdog en mode Drive-in où la sauce est verte fluo et où les gens mangent dans leur voiture sur le parking du resto ! Une fois mais pas deux…
Nous restait à rendre visite à une vieille amie (de longue date et âgée) des parents de Johanna, qui était chez elle par hasard et à qui nous avons fait la surprise de notre venue. Elle n’en croyait pas ses yeux et nous a ouvert grand sa porte… ! Son mari était un amoureux de la France et grand collectionneur d’art, nous avons donc eu droit à une visite privée de ce qui est suspendu dans son salon : Monet, Picasso, Modigliani, Pissarro, Warhol, Vuillard, Boudin, Bonheur, Bonnard, Léger… vous comprendrez donc qu’on ne mette pas de photo, ni de la personne ni du lieu hélas, histoire de préserver la sécurité de cette caverne d’Ali Baba qui terminera peut-être un jour dans un musée !
Milwaukee la capitale du Wisconsin voisin n’est qu’à une heure de route, et nous avons fait le détour pour visiter un must américain : la plus vieille et grande collection au monde de Harley-Davidson ! Nous y découvrons l’histoire de deux copains qui bidouillent un vélo pour y mettre un moteur sommaire et ainsi créer une première moto en 1903 dans un cabanon de Milwaukee, ville particulièrement portée sur la mécanique, et cette relique originale est présentée dans le musée ! A l’époque il y avait très peu de routes goudronnées et la moto était vue comme un moyen de transport pratique et très chic, la compagnie a d’ailleurs conservé cette tradition du off-road depuis lors. Le succès a été immédiat, en 1912 ils en vendaient déjà 800 par. Et avant la première guerre mondiale les exportations se faisaient dans le monde entier. Les Davidson (frères et descendants) adoraient participer eux-mêmes à des courses, qu’ils gagnaient, ce qui a contribué à faire connaitre la marque. Ils ont largement fourni l’armée en 14-18. Puis résisté à la crise des années 20 et à la popularisation de l’automobile en changeant leur axe de communication : la moto devient un objet de loisir associé à plus de maniabilité et de liberté avec un rapport direct à la nature. Dans les années 30 le design typique Art Déco gagne jusqu’à leur moto où le cigle de la roue ailée sur le réservoir d’essence en forme de goutte devient légendaire. Plus récemment, la moto est devenue l’objet fétiche des rockeurs, stars et rebelles aux blousons en cuir et c’est maintenant la customisation - pour obtenir une moto unique - que semblent apprécier les foules. Quelques pépites telles que la Blackula, la King-Kong et la Rhinestone ont même le privilège de trôner au musée, très amusant.
Nous passons rapidement dans le reste de la ville de Milwaukee, devant le musée d’art dont le bâtiment est devenu l’emblème de la ville et les dômes géodésiques qui servent de serres horticoles.
Voilà qui termine notre tour du lac Michigan, de là nous prenons la route plein ouest avec 1300 km devant pour traverser le Minnesota et arriver dans les Badlands du Dakota du Sud !