Etat de Washington : Big Business à Seattle et Noël en Juillet
A peine passés la rivière Columbia nous nous arrêtons à la Villa d’un excentrique collectionneur. Sa maison musée manque de vie, n’a pas de cachet, et les collections sont trop disparates pour être réellement intéressantes, mais nous nous sommes tout de même amusés devant celle de jeux d’échec et de poupées habillées à la mode parisienne... et la vue n'est pas vilaine...
Puis nous avons traversé la réserve des indiens Yakama qui jouaient tranquillement au foot dans une de leur villes où soixante-dix fresques historiques ont été peintes !
Il était alors temps de monter à l’assaut du mont Rainier qui domine le paysage de ses cimes enneigées depuis des centaines de kilomètres déjà. Rude montée, mais bien jolie, et le paradis pour les enfants à l’arrivée : de la neige !! Ils ont passé l’après-midi à faire de la luge et des bonshommes de neige, en short, t-shirts et claquettes bien sûr en cette belle journée de juillet ! Tout ce petit monde a fini sous la couette avec une bonne tisane…
Avant d’attaquer la ville de Seattle nous faisons encore un petit détour pour aller voir une des chutes environnantes.
Seattle enfin, le dernier coin du pays, la ville de l’entreprenariat qui a vu la naissance de Boeing, Amazon, Starbucks et Microsoft. C’est fou de se dire que deux des quatre hommes les plus riches du monde, Jeff Bezos et Bill Gates habitent à moins d’un kilomètre l’un de l’autre, sur la rive du quartier de Medina bordant le lac Washington dans l’ouest de la ville. Nous nous sommes amusés à passer devant leurs maisons, même si on n’y voit rien, et de faire le trajet que Bill faisait pour aller au boulot. Dix minutes, vert tout du long, et on arrive sur le campus aéré de Microsoft (et le reste) avec tant de bâtiments qu’on ne peut les compter. Il y a un petit Visitor Center qui montre quelques objets historiques de l’entreprise. Mais, marketing oblige, les panneaux insistent plus sur la vocation sociale de l’entreprise et sur la Fondation Bill et Melinda Gates à laquelle l’ex PDG de Microsoft est dorénavant entièrement dévolu.
Continuant à surfer sur les histoires qui ont commencé dans des garages et qui ont contribué à forger l’Américain Dream nous nous rendons ensuite sur le site où Boeing fabrique dorénavant ses avions ! Depuis le COVID on ne peut plus se promener directement dans le hangar (soit dit en passant le plus grand bâtiment du monde) mais un film de la visite nous est commenté en live par un des guides. Nous en avons appris davantage sur l’histoire de cette entreprise : du premier avion que Boeing a construit de ses mains, à tout le challenge de faire voler le 747, deux fois et demi plus grand que tous les avions commerciaux qui avaient jamais volé jusque-là. La compagnie attend maintenant la certification du 777 dont soixante appareils déjà construits, et payés, attendent sagement sur le tarmac. Une autre partie intéressante concernait l’avenir de l’aviation : carburants verts, faire plus léger avec la fibre de carbone, aller plus vite, en passant le mur du son sans faire le « boom » qui est interdit… l’étude est donc aux hypersoniques ! Sans compter toute la partie aérospatiale que Boeing a développée également après la seconde guerre mondiale pour rester sur sa croissance très positive.
En revenant vers le centre de la ville nous assistons à un double spectacle, celui d’une écluse qui ne cesse de faire passer les bateaux de l’océan vers l’intérieur de la ville, où tant de maisons ont un ponton au bout du jardin, et vice-versa. Et, sous l’eau, c’est un trafic parallèle qui s’effectue… les saumons qui sont nés en eau douce ont rejoint le large pour leur vie d’adulte. Mais ils retournent pondre leurs œufs là où ils sont nés et doivent donc retourner dans l’eau douce pour cela. Or il est trop difficile pour eux de remonter le courant avec l’écluse au milieu. On leur a donc construit une « échelle à saumons », des parpaings montés en léger décalage qui leur permettent de se reposer entre les étapes d’avancée. Et le plus drôle est qu’une salle a été aménagée en sous-sol pour assister à cela ! A nous cela nous a donné envie d’en manger… la qualité et le choix local ont fait le reste… !
Nous trouvons un premier bivouac dans un des immenses parcs de l’est de la ville, tellement grand que promenade y vaut randonnée. Et quel plaisir au bout de trouver un phare, la vue sur toutes les iles du Puget Sound qui entourent la ville, un phoque qui joue avec un kayac, des grues, et surtout trois orques qui batifolaient au loin ! Hélas trop loin pour que l’on puisse les immortaliser en photo.
De là nous avons passé du temps dans le quartier des hipsters réputé un peu déjanté… On vous laisse en juger quant aux sculptures que l’on voit par là-bas. Nous sommes tombés le jour de la brocante dominicale bien sympathique.
A l’assaut du plein centre nous avons visité l’emplacement sur lequel avait été organisé l’exposition universelle de 1962. Il reste la tour Space Needle si avant-gardiste pour l’époque, qui est devenue l’emblème de la ville et le bâtiment dans lequel se trouve le musée des sciences désuet à souhait, mais qui a encore son charme.
A côté sont venus se rajouter l’immense musée de la Musique Pop et du Cinéma abrité par Gehry (encore et toujours !)…
... et le musée de Chihuly, cet artiste si connu aux USA et originaire de Seattle qui fait de monumentales sculptures en verre.
Non loin se trouve le siège d’Amazon, qui ne se visite pas, mais voir les bureaux des cadres dirigeants, posés au milieu de la ville dans trois dômes géodésiques abritant des serres tropicales valait le détour.
Nous restait à faire un pèlerinage au dernier empire du buisines débuté dans cette ville : Starbucks ! Deux boutiques sont intéressantes… la toute première, près du grand marché couvert de la ville -dans lequel nous sommes d’ailleurs allés nous perdre et qui comprend une belle terrasse avec vue sur les quais animés et le mont Rainier, et la seconde, qui est la plus grande et qui abrite une véritable usine de torréfaction !
Nous avons fini la visite de la ville au sud comme nous l’avions commencée au nord au musée du vol qui se trouve accolé à l’aéroport. C’est dans ce musée immense que nous pouvons voir le premier avion fabriqué par Boeing, sa petite ferme rouge dans laquelle se trouvait l’usine originelle, mais aussi tant d’autres merveilles : un Concorde, l’Air Force One présidentiel qui a servi à Nixon et à ramener le corps de Kennedy depuis Dallas, le prototype du 747 qui a réussi à faire les premiers vols et qui a été présenté au monde, le Baron Rouge, etc. Et le plus amusant était la tour de contrôle installée dans le musée où les écrans montrent en direct les avions à l’approche et qui finissent par atterrir devant nos yeux !
Nous quittons cette ville avec encore beaucoup d’autres choses à voir à faire mais notre calendrier nous appelle vers le sud. Nous nous arrêtons pourtant à Tacoma qui est en réalité encore dans l’agglomération de la ville pour y visiter les musées d’art, et celui du verre. Chihuly est en réalité originaire de cette partie de la ville et à sa suite beaucoup ont pris le chemin du travail du verre. Ce musée est un lieu de présentation de leurs œuvres, mais aussi de rencontre, de travail même et l’on voit les équipes à l’œuvre devant leurs fours chauffés à 500°C.
Sautant du coq à l’âne nous partons ensuite à la découverte d’anciens forts appartenant à la Compagnie de la Baie d’Hudson si puissante du temps de la conquête de l’ouest, surtout au Canada mais aussi au nord des USA. Les trappeurs leur amenaient des peaux dont la compagnie bénéficiait pour son commerce. Petit à petit les lieux de reventes sont devenus de petits villages, dont certains se visitent encore aujourd’hui.
Nous aurions aimé avoir le temps de parcourir la péninsule Olympique à l’ouest de Seattle mais nous devons avorter ce détour et filons directement vers un endroit que nous avions noté sur notre parcours depuis des mois : une casse spéciale pour RV ! Ces lieux semblent rarissimes et nous en avions absolument besoin… sur la route entre le Vermont et la ville de Québec Nicolas avait repéré que deux vis de la porte extérieure de notre système de chauffage commençaient à faiblir. Prudent, il décroche la porte et la met dans notre coffre arrière en annonçant qu’il faudra racheter des vis… Les enfants passent par là, jouent à la balle, la rangent, et ne referment pas bien le coffre. Si bien qu’à l’étape suivant, notre porte n’était plus là ! Elle doit être sur le bord d’une route de la Province du Québec quelque part. Et nous étions bien embêtés parce que cette porte ne se fabrique plus ! Depuis lors nous attendions d’arriver à cet endroit avec fébrilité ne sachant pas s’ils auraient une porte qui pourrait convenir… et bonne surprise ! Nous avons trouvé le Graal ! Ainsi d’ailleurs que beaucoup d’autres petites pièces que nous avons changées sur place nous permettant d’upgrader notre carrosse. Pour nous, c’était à peu près comme si c’était le jour de Noël !
Si contents de tout cela nous avons trouvé le courage de passer le reste de la journée à faire des lessives, un gros dump/recharge d’eau - double avec des douches au milieu, un rangement ménage assez sérieux, des courses… et même de la cuisine inespérée pour notre vie de campeurs : des boulettes à la coriandre !
C’est ainsi requinqués que nous avons re-passé la ligne de l’état de l’Oregon. Nous avons fait le choix de passer Portland sans rien y visiter et continuons notre route vers le sud.